Bancs publics - DSC02084

Les gens qui voient de travers pensent que les bancs verts

Qu’on voit sur les trottoirs sont faits pour les impotents ou les ventripotents.

Mais c’est une absurdité, car à la vérité, ils sont là c’est notoire,

Pour accueillir quelques temps les amours débutants

 

Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics, bancs publics, bancs publics,

En se foutant pas mal du regard oblique des passants honnêtes,

Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics, bancs publics, bancs publics,

En se disant des «je t’aime» pathétiques, ont des petites gueules bien sympathiques !

 

Ils se tiennent par la main , parlent du lendemain, du papier bleu d’azur

Que revêtiront les murs de leur chambre à coucher..

Ils se voient déjà, doucement, elle cousant, lui fumant, dans un bien-être sûr,

Et choisissent le prénom de leur premier bébé…

 

Quand la sainte famille machin croise sur son chemin deux de ces malappris,

Elle leur décroche hardiment des propos venimeux…

N’empêche que toute la famille ( le père, la mère, la fille, le fils, le Saint Esprit…)

Voudrait bien de temps en temps, pouvoir se conduire comme eux.

 

Quand les mois auront passé, quand seront apaisés leurs beaux rêves flambants,

Quand le ciel se couvrira de gros nuages lourds,

Ils s’apercevront, émus, que c’est au hasard des rues, sur l’un de ces fameux bancs,

Qu’ils ont vécu le meilleur morceau de leur amour…